Réponse, Conan Doyle

From The Arthur Conan Doyle Encyclopedia

Réponse, Conan Doyle (Answer, Conan Doyle) is a letter written by Arthur Conan Doyle published in La Revue Spirite in may 1917. Letter translated by F. Rémo (in 1917).

It was an answer to a previous article published in the magazine, titled "Croyance ou Religion ?"by F. Lyssia (february & march 1917).


Letter

La Revue Spirite (may 1917, p. 129)
La Revue Spirite (may 1917, p. 130)
La Revue Spirite (may 1917, p. 131)

Répondant à notre article de la Revue, « Croyance ou Religion », Sir Arthur Conan Doyle, nous dit qu'il ne propose pas de faire du spiritisme une religion, mais son point de vue est qu'il doit, sur certains points, modifier toutes les religions; et il nous envoie à l'appui l'intéressant article qui suit.

Je désire confirmer l'opinion que j'ai émise au sujet des relations de la science psychique avec la religion, non point comme argument de discussion, mais pour définir plus clairement mes conceptions à ce sujet. Il est évident que le seul fait d'être un adepte psychique ne peut pas plus faire d'un homme quelconque un homme de bien que l'étude de toute autre science. En conséquence, l'assertion que la science psychique et la religion sont des choses différentes, ne peuvent rencontrer de contradiction. C'est pour cela que, dans mon premier article, je plaidais en faveur d'une application pratique des résultats des sciences psychiques. C'est une toute autre chose et qui ne heurte en rien les dogmes religieux, ni, me semble-t-il, les pratiques religieuses.

Si nous considérons comme sérieuses les communications de l'Au-delà, ce qui ne peut faire aucun doute, elles nous permettent de contrôler nos croyances religieuses au point de vue de deux mondes au lieu d'un seul. Assurément cela doit considérablement renforcer les points inébranlables, et, en même temps, modifier ceux qu'une nouvelle lumière, vue sous cet angle nouveau, vient éclairer. Je ne parle pas de l'essence intime du christianisme, qui est le plus haut développement moral que nous connaissions ou que nous puissions concevoir, conduisant à la bonté, à l'indulgence, au désintéressement et à tout ce qui peut tendre à la perfection chez l'homme. Aucune révélation nouvelle ne peut toucher à cela.

Les nouvelles lumières qui nous viennent de l'Au-delà non seulement le confirment mais semblent renforcer victorieusement cette vérité, en simplifiant et en modifiant d'autres croyances, dont la tendance était de l'obscurcir et de la confondre avec les doctrines qui ont choqué notre raison et notre sens de justice. La doctrine de presque toutes les églises chrétiennes veut qu'à la mort, l'âme languisse, comme assoupie, jusqu'à la venue, dans un avenir indéterminé, du jour des assises suprêmes où elle sera jugée sur les actions de sa vie, qui, à ce moment, doit apparaître comme quelques secondes dans la brume des siècles sans nombre qui se seront écoulés.

Elle est alors condamnée à jamais sans merci, ou appelée à une félicité éternelle, soit directement, soit après une période d'épuration. C'est, je crois, l'exacte théorie des dogmes chrétiens ordinaires mais elle se heurte à chaque pas aux révélations du spiritualisme. Nous nous trouvons manifestement en rapport avec les morts peu après qu'ils nous ont quittés. Ils semblent être absolument les mêmes qu'avant notre séparation et ils affirment que nous sommes nos propres justiciers, que le jugement émane du tribunal de notre conscience, qu'il n'y a pas de peine irrémissible et que, quels que soient les écarts qui retardent notre route, tous graviteront vers la perfection.

Il n'y a pas d'homme intelligent ou impartial qui, lorsqu'il envisage la doctrine des peines éternelles, ne se soit dit : « Pour sûr, Dieu ne pourrait pas être si cruel ! Moi-même, pauvre mortel, je ne voudrais pas, par vengeance, punir si rigoureusement ceux qui auraient eu les plus grands torts à mon égard. »

La nouvelle révélation montre combien était injuste ce jugement envers la Divinité, dont les actes sont aussi miséricordieux qu'ils sont admirables.

Alors même qu'il n'y aurait que cela, le spiritualisme devrait modifier, non le christianisme, mais les vieilles notions erronées sur lesquelles il s'appuyait.

Mais il y a bien plus. Nous ne pouvons accepter les enseignements de l'Au-delà sur certains points et les rejeter sur d'autres. S'ils approuvent une conception, nous ne pouvons que nous incliner. J'ai trouvé que tous leurs messages concordent sur ce point que toutes les religions sont égales à leurs yeux, que les dogmes formels ou les pratiques religieuses ne comptent pour rien d'une manière ou d'une autre, et que le bien-être et l'avancement de l'esprit dépendent entièrement des progrès et du degré de perfection atteints dans l'épreuve terrestre. Cette vérité est trop absolue pour être limitée au christianisme, et elle s'étend à toutes les religions, à toutes les doctrines, en tant qu'un résultat individuel est atteint.

Beaucoup de théories favorites au moyen desquelles les hommes ont égaré leurs semblables, sont de ce fait anéanties, mais, sûrement la conception générale est plus élevée, et, dans son essence, plus chrétienne que toute vue exclusive étroite de l'orthodoxie.

L'homme est l'auteur de tous ses maux, et toutes les guerres religieuses, les persécutions, les dissensions et la souffrance n'ont eu aucune relation avec la vraie religion ou le progrès spirituel. Le sectaire ardent et intolérant qui veut conduire son voisin dans ce qu'il appelle le sentier de la vertu, ne fait, en réalité, que préparer son esprit aux sphères inférieures de l'autre monde, d'où avec le temps et les épreuves il sortira pour s'élever à mesure que son âme sera meilleure et plus épurée.

Il y aurait encore bien d'autres points à considérer, mais nous nous tiendrons à ce seul fait que, bien que le spiritualisme ne soit nullement antagoniste à l'idée religieuse fondamentale, qu'au contraire il appuie, la suite des événements après la mort et la valeur des dogmes spéciaux sont suffisants, nous semble-t-il, pour modifier de fait la doctrine chrétienne sur certains points importants, mais non vitaux.

A. CONAN-DOYLE

(traduit par F. Rémo.)