Raffles, Sherlock Holmes, la Lady et sa femme de chambre

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Raffles, Sherlock Holmes, la Lady et sa femme de chambre (Raffles, Sherlock Holmes, the Lady and her Maid) is a French Sherlock Holmes pastiche written by Pierre Benard published in Le Midi (No. 4739) on 22 july 1922.


Raffles, Sherlock Holmes, la Lady et sa femme de chambre

Raffles, Sherlock Holmes, la Lady et sa femme de chambre
(Le Midi, 22 july 1922, p. 1)

Une mascarade policière

Au cours d'un bal qui réunissait toute la gentry [1] de Londres et des environs, lady Beatty s'écria tout à coup :

- On a volé ma broche !

Bien que l'honorable lady fût là femme d'un amiral célèbre, personne ne songea à répondre :

- C'est un bateau.

Au contraire, le bal étant de ce fait interrompu, ne pouvant plus danser, tout le monde marcha d'une seule voix. Les invités s'écrièrent :

- Il n'y à qu'un homme pour avoir réussi un pareil coup. C'est Raffles.

Et avec la même unanimité, ils jugèrent :

- Il n'y a qu'un homme capable de retrouver le voleur. C'est Sherlock-Holmès.

Ceci dit, tout le monde se lança sur la piste du hardi pickpoket. Car chacun sent au fond de son coeur un Sherlock-Holmès qui sommeille et, au reste, il suffit de s'entendre avec sir [2] Conan Doyle pour voir homologuer ses aventures.

Tous ces limiers partirent donc en chasse. Ils ne tardèrent pas à avoir chacun une piste.

L'un remarqua un détail singulier :

« Lady Beatty est venue du bal dans la voiture du prince de Galles, pensa-t-il. Bizarre ! Bizarre ! Le prince n'aurait-il pas été ravi, jadis, et remplacé, à l'insu de tout le monde, par Raffles lui-même ? »

Ainsi pensa ce judicieux Anglais.

- « By jove ! » [3] s'écria M. Cachran, en apprenant cela, c'est très « exiting ». Si c'était vrai, j'engagerais ce gentleman, qui se fait passer pour notre bien-aimé prince, et je lui ferais jouer un sketch avec Mme Sarah Bernhardt. »

Un autre songea :

« Peut-être M. Lloyd George, a-t-il pris ce rubis précieux pour se payer un abonnement à une nouvelle série de conférences. »

Un troisième suggéra :

- Le mari de lady Beatty est grand-maître de la flotte. Peut-être a-t-il égaré un des navires confiés à sa garde. Alors il aura « lavé » [4] le rubis de sa femme pour achete un nouveau bateau et pour qu'à la prochaine revue de détail le roi retrouve son compte.

Un quatrième pensa :

- « C'est M. de Valera qui a fait le coup. Il a volé la broche de lady Beatty pour l'offrir à mister Pierre Benoit et le remercier ainsi d'avoir écrit « La Chaussée des géants. »

Enfin, un cinquième réfléchit :

- « Les journaux viennent de nous apprendre que le vicomte Lascelles, à la suite de mauvaises affaires, a dû vendre ses usines. N'a-t-il pas dérobé le précieux bijoux pour en tirer de l'argent, et éviter ainsi à la pauvre princesse Mary l'ennui de faire sa cuisine elle-même ? »

Ainsi les déductions allaient leur train, quand soudain, hier, la femme de chambre de lady Beatty retrouva la fameuse broche dans un pli de la robe de sa maîtresse.

Les détectives amateurs d'Angleterre sont aujourd'hui fûrieux. C'est une belle affaire qu'on leur enlève. Ils s'estiment lésés.

De plus, il se sentent vexés dans leur amour-propre.

C'est, en effet, un pli de la robe de lady Beatty qui a fait disparaître la broche.

Ce n'est donc pas Raffles.

C'est une doublure.

PIERRE BENARD.






  1. Mot anglais dont je ne connais pas le sens exact, mais que j'ai toujours vu employer en pareil cas par les écrivains français les plus honorables, désireux de montrer leur connaissance de la société anglaise.
  2. Mot anglais.
  3. Locution anglaise courante.
  4. En français dans le texte.