Un nouvel exploit de Sherlock Holmes (pastiche 16 february 1908)

From The Arthur Conan Doyle Encyclopedia

Un nouvel exploit de Sherlock Holmes (A New Exploit of Sherlock Holmes) is a French Sherlock Holmes pastiche written by Michel Psichari published in Gil Blas (No. 10341) on 16 february 1908.


Un nouvel exploit de Sherlock Holmes

Un nouvel exploit de Sherlock Holmes
(Gil Blas, 16 february 1908, p. 1)

Un crime horrible vient d'être commis dans une localité de la Haute-Vienne. Le courrier en voiture, qui fait le service entre Saint-Sulpice-les-Feuilles et Cromac, a été attaqué et dévalisé sur la route. D'audacieux bandits, après avoir assassiné le conducteur, ont réussi à s'emparer des sacs de dépêches : un chargement d'une valeur de 3.500 francs a disparu...

Tels sont les faits. Désireux de faciliter la tâche de la justice, Gil Blas a demandé à son ami Sherlock Holmes de se mettre à la recherche des agresseurs. L'illustre détective, bien que fort occupé en ce moment-ci par son engagement au Théâtre Antoine, a immédiatement accepté.

Vingt-quatre heures plus tard il se présentait à nos bureaux et nous faisait le récit suivant :

— Je me suis livré, comme vous m'en avez prié, à une minutieuse enquête sur cette sensationnelle affaire. Et je crois avoir découvert la vérité : il n'y a pas de coupables... Mais procédons, s'il vous plaît, avec méthode.

« M'étant rendu sur les lieux mêmes du crime, je ne tardai pas à trouver trois objets qui avaient, jusqu'ici, échappé aux investigations de la police : une fausse barbe, un chapeau de forme démodée, tel qu'en portaient les postillons au siècle dernier, et un revolver chargé à blanc. Je m'en saisis aussitôt, et, sentant que de ces pièces jaillirait sans doute la lumière, je rentrai à mon hôtel, où je restai enfermé tout l'après-midi.

« Je ne vous dirai pas par quelle suite de savantes déductions j'en arrivai à penser que le revolver qui ne contenait pas de balles, n'avait tué personne, et que le chapeau, ainsi que la fausse barbe étaient des accessoires de théâtre... J'acquis bientôt la certitude qu'une troupe de comédiens avait passé le jeudi 13, sur la route de Cromac, se dirigeant vers Limoges.

« Je me rendis dans cette ville. On y jouait le Courrier de Lyon. Je courus au théâtre, et me précipitai dans le cabinet de l'impresario. Il reconnut le revolver, le chapeau et la fausse barbe, qui lui appartenaient, et me donna le mot de l'énigme : ses pensionnaires avaient répété la veille, en pleine campagne, la fameuse scène de l'attaque, pour laquelle ils étaient insuffisamment prêts...

« Hélas ! il me fut impossible d'assister à la représentation du célèbre mélodrame de Moreau, Siraudin et Delacour... Le devoir professionnel m'appelait à Paris. Il me fallut prendre le train en toute hâte. J'arrivai boulevard de Strasbourg juste à temps pour entrer en scène. Et malgré la fatigue du voyage et les émotions de la journée, je parvins encore ce soir-là, à échapper aux embûches du professeur Moriarty, avec l'ingéniosité et l'adresse que vous connaissez ! »


Michel Psichari