Une interview de Conan Doyle avant le Congrès des esprits

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Une interview de Conan Doyle avant le "Congrès des esprits" (An interview of Conan Doyle before the "Spirits' Congress") is an interview of Arthur Conan Doyle written in French by P. Bret published in the French newspaper L'Intransigeant on 7 september 1925.

In this interview Conan Doyle spoke in French to the interviewer.


Une interview de Conan Doyle avant le "Congrès des esprits" (FR)

L'Intransigeant (12 september 1925)

Une rue, au nom d'astronome — Copernic — et qui monte sans doute jusqu'au ciel. Tout au début, sur la façade de l'immeuble portant le numéro 6, deux drapeaux aux trois couleurs encadrent une longue enseigne : « Congrès spirite international ».

A la porte, des commissaires au brassard vert dirigent et renseignent les délégués des vingt-quatre nations qui sont représentées.

Un commissaire me désigne aimablement la salle du congrès, au premier étage. C'est la première impression que l'on éprouve ici : tout le monde est aimable.

Une grande salle, tout blanche, avec des tentures de brocards, faite de deux pièces. Entre deux fenêtres, une petite estrade sur laquelle prennent place, tour à tour, les délégués. Un piano à queue, qui restera muet, et sur la cheminée, une carafe d'eau et un verre que personne ne songera à utiliser.

Dans la salle, une centaine de personnes. Beaucoup de crânes nus, et de chevelures poivre et sel. Pas de jeunes filles, mais des femmes dont beaucoup portent lorgnon ou lunettes.

A gauche de l'estrade, contre la fenêtre, face au public, avec, dans le dos, les rayons du soleil qui jouent dans les plis du drapeau, sir Arthur Conan Doyle, le grand écrivain anglais, le grand spirite. Carrure imposante, tête ronde et grisonnante. Il écoute avec conviction, et applaudit. Il ne prendra pas ce matin la parole, mais il veut bien me parler et m'expose, ce qui fera ce soir l'objet de sa conférence.

- Permettez-moi, dit-il, d'excuser d'abord mon français qui n'est pas très fort. Mon ami, Bernard Shaw, a dit que quand il parle le français il ne dit pas ce qu'il veut, mais ce qu'il peut. Je suis souvent dans le même cas.

« Mes confrères de la France m'ont fait l'honneur de me nommer président d'honneur de ce congrès mondial des spirites. J'ai parlé de ce sujet dans beaucoup de pays.

« Mais c'est le sommet de ma carrière que je parle à Paris, dans le centre intellectuel du monde, pas aux cyniques et aux incroyants, mais à des amis, alliés dans la plus grande guerre, la guerre éternelle entre les choses du monde spirite et les choses matérielles.

« Voilà l'ennemi : le matérialisme, la cause centrale de tous les maux humains. C'est un très grand danger qui détruira le monde humain si nous ne pouvons le changer. »

Sir Arthur accuse volontiers les religions d'avoir perdu « la communion vivante et constante avec le monde supérieur. »

Pour lui, Dieu dirige tous nos pas et « les spirites supérieurs qui sont les anges existent à Paris, à Londres. »

« Il est nécessaire, ajoute-t-il, de dire que nous ne sommes pas bornés dans nos vues et que nous sommes les amis et les alliés de toutes les religions réelles et vivantes. »

Après quelques secondes de réflexion, Sir Arthur Conan Doyle reprit :

- Saint Pierre a dit que le savoir vaut mieux que la Foi. C'est ce savoir que nous offrons au monde. Les matérialistes croient que quand nous sommes morts tout est fini. Dans l'ombre qui nous entoure, ils ne voient pas une lumière d'espoir. Si nous ne nous tenons pas responsables envers un pouvoir supérieur de notre conduite, il devient raisonnable que nous cherchions, comme individus ou comme nations, notre avantage, d'où source d'immoralité, scandales domestiques, guerres injustes, tous nos maux.

« Il faut des preuves. Le témoignage est aujourd'hui écrasant. Abraham Lincoln, le président Thiers, Victor Hugo, Sardou, Ruskin, Lodge, Lombroso, Flammarion, le général French et bien d'autres l'ont reconnu.

« Personnellement, j'ai eu du général Haig un message d'encouragement, j'ai parlé à plusieurs reprises à mes parents et amis qui ont passé de ce monde terrestre et j'ai vu aussi clairement que dans la vie, la matérialisation de ma mère et de mon neveu. Quant à moi, je peux dire que je n'ai aucun doute... »

Dans une galerie, assises sur des fauteuils de rotin, deux dactylos jouent avec leurs crayons et comme je cherche l'escalier, une voix douce me dit :

- Mon frère, vous désirez ?...

P. BRET