Sherlock Holmes contre Conan Doyle

From The Arthur Conan Doyle Encyclopedia
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Sherlock Holmes contre Conan Doyle (Sherlock Holmes versus Conan Doyle) is a Sherlock Holmes pastiche written by Georges de La Fouchardière published in L'Oeuvre (No. 3632) on 10 september 1925.


Sherlock Holmes contre Conan Doyle

L'Oeuvre (10 september 1925, p. 2)

Lorsque notre visiteur fut parti, Sherlock Holmes s'étendit paresseusement sur son divan et contempla la fumée de sa cigarette, d'un air détaché en apparence.

— Qu'est-ce que vous en pensez, Watson ? me demanda-t-il.

— Hum! Il y a là des faits vraiment troublants... On ne saurait mettre en doute la bonne foi de Sir Conan Doyle, qui a la plus grande admiration pour vous et qui est venu en toute confiance vous exposer ces événements extraordinaires. Je suis tenté, vraiment, d'admettre une interprétation d'ordre surnaturel...

Hoimes m'interrompit d'un fon agacé :

— Cent fois déjà, Watson, je vous ai dit, à propos des problèmes que j'ai eu la chance de débrouiller, qu'il fallait écarter toute explication surnaturelle, c'est-à-dire absurde, pour essayer d'adapter les faits à une explication naturelle, semblât-elle d'abord invraisemblable... Relisez les récits que vous avez écris de l'affaire du Chien des Baskerville, de l'affaire de La Bande Mouchetée, de l'affaire des Hétres Pourpres, de cent autres encore. Laissez la mystique, qui est une industrie religieuse, à ceux qui en vivent... Avez-vous lu dans les journaux français le discours prononcé par le Père Guénin à l'occasion de l'anniversaire de la Marne ? Le Père Guénin a établi la « part de Dieu » dans la collaboration qui a abouti à la victoire. Dieu, à un certain moment critique, a collaboré avec Joffre en lui dépéchant quelques légions d'anges. Le Père Guénin, professionelement, doit interpréter comme il l'a fait un événement historique. Mais il apparaît aux esprits logiques qu'en cette circonstance Dieu qui peut tout n'a pas fait assez ; il devait empêcher la guerre ou la terminer sur la Marne par une victoire décisive. Or la guerre à duré encore quatre ans parmi les deuils et les catastrophes, et le victoire finale que Dieu a donnée à la France apparait assez comme une mauvaise plaisanterie. Ainsi, Dieu n'a pas envoyé assez d'anges... Je chercherai plutôt au succès de la Marne une explication naturelle : des canons, des munitions, et une endurance supérieure chez les vainqueurs. Quant aux fantômes que Mrs Peggy a montrés à Sir Conan Doyle, et qui ont laissé des traces de leurs pas au plafond, je vous dirai ce soir ce que j'en pense. Nous irons an rendez-vous des esprits...

Le soir même, dans un salon discrètement éclairé, Sir Conan Doyle nous présentait à Mrs Peggy, qui lui sert de truchement lorsqu'il veut entrer en rapports avec les esprits.

Je remarquai que Sherlock Holmes observait avec insistance les chaussures de Mrs Peggy, que cet examen semblait embarrasser.

— Vous pouvez constater, nous dit Sir Conan Doyle, que le médium n'a rien dans les mains, rien dans les poches.

— Je n'en doute pas, répondit courtoisement Sherlock Holmes. C'est sur ce fauteuil, sans doute, que Mrs Peggy va prendre place pendant... l'évocation ?

Il avait pris le fauteuil par le dossier et, sans affectation, le faisait basculer, comme en jouant d'une façon machinale...

Mrs Peggy s'assit. Je pris place à sa droite, Sherlock Holmes se mit à sa gauche. Notre surveillance semblait étroite, maigré l'obscurité que fit Sir Conan Doyle pour ne pas gêner les esprits, qui sont timides.

Quelques minutes passèrent, dans le silence. Le médium respirait bruyamment et avec difficulté.

Soudain, je laissai échapper un cri... Des doigts glacés se promenaient sur mon visage...

— Regardez! murmura Sir Conan Doyle d'une voix étranglée.

Un fantôme, dans un halo lumineux, se promenait au plafond, la tête en bas et les jambes en l'air. Et le plafond gardait, en noir, la traces de ses pas.

— Vous permettez que je fasse un peu de lumière ? fit la voix calme de Sherlock Holmes.

La lumière se fit sous le déclic d'un commutateur. Une étoffe blanche, emmanchée d'un bâton, tomba sur la table. Et Mrs Peggy, avec une précipitation pudique, cacha son pied nu qui, dans l'obscurité, s'avançait vers la figure de Sir Conan Doyle. Les traces de pas restaient au plafond...

Quelques minutes plus tard, dans le cab qui nous ramenait chez nous, Sherlock Holmes me donnait quelques éclaireissements.

— J'avais remarqué, dit-il, que les chaussures de Mrs Peggy étaient défaites par précaution et que leurs semelles étaient enduites de goudron. Dès que l'obscurité l'a mise à l'aise, elle a fait jouer un ressort dissimulé dans le dossier de son fauteuil, qui constitue son magasin d'accessoires. Dans cette cachette, alle a pris le bâton, sur lequel elle a ajusté le fantôme ; à l'extrémité, elle a ingénieusement adapté sa chaussure. Le fantôme s'est ainsi promené au plafond, où il a laissé sa trace... Je suis certain que la cachette est bourrée de photographies d'apparitions, que Mrs Peggy glisse adroitement dans l'appareil de Sir Conan Dole lorsque celui-ci se dispose à prendre un cliché.

— Sir Conan Doyle vous sera très reconnaissant d'avoir démasqué la supercherie...

— N'en croyez rien, Watson. À l'heure actuelle, il est persuadé que c'est moi l'imposteur et il a dans Mrs Peggy une foi renforcée. Pour croire le contraire, il faudrait bien mal connaître les spirites.

G. de La Fouchardière.